Séance tenue à la Bibliothèque Royale à Bruxelles, le 17 décembre 2011

Vergadering in de Koninklijke Bibliotheek te Brussel op 17 december 2011

 

Présents - Aanwezig : Mmes C. Arnould, Gh. Moucharte, S. Scheers, F. Stroobants. Dhrn. Ph. Bodet, A. Bruylandt, Y. De Craemere, H. Dewit, W.Geets, C. Lauwers, H. Pottier, M. Rocour, Ph. Sadin, A.-Fr. Scheepers, E. Schutyser, J. van Heesch en R. Van Laere.
Excusés – Verontschuldigd : Mmes Chr. Logie, H. Taymans. Dhrn. Fr. de Callataÿ, G.-X. Cornet, J.-L. Dengis, R. De Marie, Ch. Doyen, J. Elsen, Chr. Flament, A. Haeck, J. Moens, P. Pasmans, L. Smolderen, J.-J. Symoens, G. Testa en R. Waerzeggers.

Le Président ouvre la séance à 14h30 et remercie l’assemblée pour la présence en cette période de marchés de Noël et de préparations des fêtes de fin d’année. Avant de passer aux conférences, il fait part des deux communications suivantes :

  • de publicatie van een recent boek The Roman monetary system (The Eastern Provinces from the First to the Third Century AD) door Constantina Katsari (Universiteit van Leicester). Dit boek, uitgegeven door Cambridge University Press, is een vervolg op haar doctoraatsthesis, en te raadplegen of te downloaden op http://ebooks.cambridge.org/ebook.jsf?bid=CBO9780511975189.
  • par jugement de la Cour d’Appel, le Cabinet des Médailles pourra récupérer les objets du trésor de Lava, saisis par commission rogatoire de la police française. Ces objets achetés en 1962 et 1977 échappent à la législation française sur l’inaliénation des trésors sous-marins, postérieure aux dates d’acquisitions.

De voorzitter houdt zijn spreekbeurt getiteld Aanwinsten van het Penningkabinet: gegraveerde penningen door Simon Gribelin (1696) en Pierre Tiberghien (1803). In deze bijdrage worden twee gegraveerde zilveren penningen besproken, die het Penningkabinet van de Koninklijke Bibliotheek recent aankocht.

De eerste penning is eigenlijk een ovaal zilveren plaatje (diameter 63,67 x 50,99 mm; 16,25 g) met een gegraveerde voorstelling op elke zijde.

Fig 1 : Mercator penning van Simon de Passe.
Voorzijde: Mercator
Keerzijde: William Parsons

Het portret op de voorzijde is dat van Gerard Mercator, bekend geograaf. Het stelt Mercator voor op 64-jarige leeftijd. De inscriptie maakt duidelijk dat het portret werd gemaakt voor Sa(muel?) Verhaer, een niet gedocumenteerd familielid van de geograaf. De graveur is Simon de Passe, die dit werk uitvoerde in 1618.

Fig 2 : Handtekening van de graveur

De keerzijde draagt het borstbeeld van William Parsons (1658-1705), schrijver en specialist in monogrammen. De afbeelding werd gegraveerd in 1696 door Simon Gribelin, een Fransman die naar Engeland uitweek in 1680. Het ontwerp is van Pierre Berchet (1659-1720). Van beide zijden is een afdruk op papier gekend. De penning wordt gepubliceerd in In Monte Artium. Journal of the Royal Library of Belgium, 2011.

De tweede penning (70 mm; 140,27 g) is van de hand van de bekende Gentse zilversmid en graveur Pierre Tiberghien (1755-1810). Het stuk draagt de keurmerken uit de Franse tijd van de periode 1798-1809 (nl. de roedenbundel of fasces) alsook het meesterteken van de zilversmid (een T met een passer).

Fig 3 : Penning door Tiberghien en de keurmerken.

De penning werd uitgereikt in 1803 ter gelegenheid van de Nijverheidstentoonstelling van het departement van de Schelde. Deze medaille werd gegeven aan Hilaire Vrancken (1757-1833), hoedenfabrikant in Lokeren, die in 1803 al 100 mensen tewerkstelde. Er werden naar aanleiding van deze expositie 6 gouden en 14 zilveren penningen uitgereikt.

Tiberghien graveerde voor elke prijs een aangepaste voorstelling (bijvoorbeeld een hoed in de hoorn des overvloeds op deze penning voor Vrancken).

Fig 4 : Hoed in de hoorn des overvloeds

Naast het werk van P.J. Tiberghien wordt ook gesproken over dat van zijn broer J.B. Tiberghien en diens leerling, Liévin De Bast, die vanaf 1813 onder de naam De Bast-Tiberghien het atelier verder zetten.

De Voorzitter geeft dan het woord aan de Secretaris voor een voordracht over Augustin Dupré, l’homme, sa notoriété. Le symbole raté des monnaies françaises modernes.

L’orateur veut mieux faire connaître la personnalité et la célébrité de ce graveur de génie que fut Augustin Dupré.

Dès les années 1770, Augustin Dupré, formé à l’école de ciselure de St Etienne et orfèvre confirmé, jouit d’une notoriété certaine à Paris ou il est « monté » de sa ville natale de St Etienne. Son coup de burin le rend célèbre dans le milieu de la Cour et de la haute société pour lesquelles il grave des médailles en l’honneur de personnage célèbres tel le couple royal, leurs enfants ou encore le Bailli de Sufren. Déjà à cette époque il se développe comme « historien médailliste », immortalisant dans le métal des événements importants notamment ceux associés à la Révolution française.

Figure 5 : Revers de la médaille commémorant la jonstion de l’Esacut et de la Somme
Les personnifications de l’Escaut et de la Somme étendus de part et d’autre de l’entrée d’un souterrain d’où s’écoule l’eau et d’où sort un petit génie tenant un caducée.
En exergue LA PROVINCE DE PICARDIE | M DCCL XXXV. Au dessus de l’exergue à gauche : DUPRE F (Dupré fecit).
(Source : Ministère de la Culture, base Joconde).

Figure 6 : Médaille de bronze commémorant la naissance du Dauphin (1781).
Au droit les portraits à gauche du Roi et de la Reine (LUD.XVI.REX.CHRITIANISS.MAR.ANT.AUSTR.REGINA).
Au revers Gallia assise présentant le nouveau né (FELICITAS PUBLICA).
En exergue au revers : NATALES DELPHINI | DIE XVIIOCTOBRIS | MDCCLXXX
(Source : Gerhard Hirsch Nachfolger).

Figure 7 : De droite à gauche, les gravures de Dupré, de Gateau et de Duvivier.
La comparaison révèle un bien meilleur rendu des visages, des formes et du drapé chez Dupré.

Figure 8 : Avers : P.AND.DE SUFFREN ST.TROPEZ CHEV. DES ORD. DU ROI GR. CROIX DE L’ORD. DE ST. JEAN DE JERUS.VICE AMIRAL DE France.
Revers : LE CAP PROTEGE | TRINQUEMALE PRIS | GOUDELOUR DELIVRE | L’INDE DEFENDUE | SIX COMBATS GLORIEUX | LES ETATS DE PROVENCE | ONT DECERNES / CETTE MEDAILLE MDCCXXXIV

Augustin Dupré (1748-1833) fut nommé graveur général des monnaies de France en 1791 à l’issue d’un concours en deux parties.

Figure 9 : Essai de l’écu de six livres.
(Source Inumis)

Rapidement, il centralisa à l’Hôtel des monnaies de Paris la fabrication des coins avec lesquels les monnaies étaient frappées dans les divers hôtels des monnaies de province. Il dut créer de nouveaux types monétaires correspondant au passage de l’Ancien Régime à la République, puis au système décimal.

Figure 10 : Descriptif de la pièce de Dupré 5 Francs Union et Force Moniteur du 19 thermidor an 7 (6 aôut 1799).

Figure 11 : Monnaies de bronze définies par la loi du 9 thermidor an 7, Dupré

Sa notoriété dépassa les frontières du Royaume non seulement par les pratiques spéculatives des frères Monnerons qui le firent connaître en Angleterre, mais aussi également vers la jeune république américaine victorieuse de la Guerre d’Indépendance. Sur demande du Congrès ou de son ami Benjamin Franklin, il grava de nombreuses médailles commémorant événements et personnages célèbres d’outre Atlantique ou on l’appelle encore et toujours dans les milieux numismatiques « the great Dupré ».

Figure 12 : Assignat métallique (ou monnaie de confiance) de 5 sols remboursable chez les frères Monneron. Ceux-ci « s’inspirèrent »  de la médaille suivante.

Figure 13 : Médaille créée d’initiative par A. Dupré
Droit : PACTE FÉDÉRATIF ; à l’exergue 14 JUILLET | 1790. Scène du serment de la Fête de la Fédération, signé DUPRÉ F.
Revers : NOUS JURONS | DE MAINTENIR | DE TOUT NOTRE | POUVOIR LA | CONSTITUTION | DU ROYAUME. Dans une couronne formée d’une branche de chêne et d’une branche d’olivier.
(Source CGB).

Figure 14 : Essai de frappe en cuivre 1820.
Au droit Hercule tentant de plier le faisceau inflexible. Légende VIS UNITATE FORTIOR
Au revers le blason hanovrien couronné. Légende DECVS ET TVTAMEN.
© St. James Auctions

Figure 15 : Captain John Paul Jones. « HOSTIVM NAVIBVS CAPTIS AVT FVGATIS ». (Les vaisseaux ennemis pris ou mis en fuite)
Action navale entre la frégate américaine Bonhomme Richard armées de 40 canons, du Capitaine John Paul Jones et la frégate britannique Sérapis de 44 canons du Capitaine Pearson. Les deux navires sont bord à bord, tête bêche. Le Bonhomme Richard est en feu et l’équipage monte à l’abordage du Sérapis. A la gauche un troisième vaisseau.
Exergue: « AD ORAM SCOTIÆ XXIII | SEPT. M.DCCLXXVIIII. » (Au large des côtes d’Ecosse, Septembre 23, 1779.) DUPRE . (fecit).

Figure 16 : Les médailles de B. Franklin.
Au revers: ERIPUIT CŒLO FULMEN SCEPTRUM QUE TYRANNIS. » (Il arrache au ciel sa foudre et leur sceptre aux tyrans). Un Génie pointe de sa main droite vers un paratonnerre captant un éclair, et la main gauche désigne une couronne et un sceptre brisés à ses pieds. En exergue: « SCULPSIT ET DICAVIT AUG. DUPRÉ ANNO MDCCLXXXIV. » (Gravée et dédicacée par Augustin Dupré, en l’année 1784).
Au revers : « ERIPUIT CŒLO | FULMEN | SCEPTRUM QUE | TYRANNIS. » (Il arrache au ciel sa foudre et leur sceptre aux tyrans). Hexamètre de Turgot.
En exergue: « SCULPSIT ET DICAVIT | AUG. DUPRÉ ANNO | MDCCLXXXIV. » (Gravée et dédicacée par Augustin Dupré, en l’année 1784).

Figure 17 : Médaille diplomatique commandée par Th. Jefferson.
Au droit TO PEACE AND COMMERCE. Exergue IV JUL. MDCCLXXVI.
Au revers le grand sceau UNITED STATES OF AMERICA

Figure 18 : Libertas Americana.
Commandée directement par Benjamin Franklin en souvenir de la reddition du Lieutenant général Burgoyne et du Général Lord Cornwallis à Yorktown. La liberté à gauche, les cheveux flottants. Bonnet phrygien, à droite. A l’exergue 4 JUIL 1776 (date de l’indépendance). Jeune fille aux cheveux épars, l’œil farouche portant sur l’épaule une pique surmontée du bonnet.
Au revers : La France - représentée sous les traits de Minerve portant un bouclier orné des fleurs de lys des Bourbons - affronte le léopard britannique dont la queue ramenée entre les pattes est un signe de couardise. Entre ces deux allégories, agenouillé sur un bouclier, un Hercule enfant incarne les États-Unis. Il étrangle deux serpents qui symbolisent respectivement les armées britanniques commandées par sir John Burgoyne à Saratoga en 1777 et par lord Charles Cornwallis à Yorktown en 1781. « NON SINE DIIS ANIMOSUS INFANS » (L’enfant courageux aidé par les dieux).
En exergue: 17|19 OCT. 1777|1781. (17/19 Octobre 1777/1781)|DUPRÉ. F.

Fidèle aux idées républicaines, il fut évincé de son poste de Graveur Général de la Monnaie par le Premier Consul non sans avoir gravé une médaille pour le premier roi d’Etrurie et son épouse l’Infante d’Espagne Marie Louise Joséphine. C’est son refus, conforme aux idées républicaines, de graver des monnaies à l’effigie du Premier Consul qui lui valut son remplacement. Pourtant il continuera à gaver des médailles durant la période de l’Empire, et les monarques sous les régimes de Restauration continueront à faire appel à lui soit comme membre de jury, soit pour des commandes particulières.

Retiré dans son château d’Armentières il décède le 30 Janvier 1833 à l’âge de 85 ans, la Suisse, lui rendit un ultime hommage avant son décès en proposant un essai de pièce de cinq Rappen qui ne fut pas retenu.

Il puise son inspiration dans le style néo-classique et son goût pour l’Antique. Il n’hésite pas s’inspirer de monnaies de la République Romaine. Les paroles suivantes lui sont attribuées : « Les signes monétaires étant par leur nature des signes cosmopolites et des moyens universels d’échange, il me semble qu’on pourrait trouver le sujet dans la mythologie, langage symbolique répandu chez presque tous les peuples, et j’ose croire qu’il ne serait ni impie, ni insignifiant, ni gothique d’appeler une pièce d’or une Cérès, une pièce d’argent une Neptune et une pièce de bronze un Mars ». Pas étonnant donc que le « style Dupré » défie les siècles.

Figure 19 : Sesterce de Julia Paula où la Concorde est debout entre Julia Paula et Elagabal se donnant la main. Peut-être cette pièce inspira-t-elle le Graveur Général ?

Graveur de Génie, presque toutes les Républiques françaises pérennisèrent ses monnaies, car les types, que ce soit celui au buste de la République, à l’Hercule ou celui au Génie de la France, demeurent les témoins des idées de la période trouble que fut celle de la « Grande Révolution ». Le Génie (ou ange tutélaire de la France) gravant les tables de la Loi figura sur les monnaies de 15 et 30 sols, sur les écus et demi-écus ainsi que sur les pièces de 24 livres à l’effigie de Louis XVI d’abord, sous la Convention ensuite. Ce même type fut repris sous la IIe et la IIIe République d’abord sur les pièces d’or de 20 Fr puis de 50 et 100 Fr. L’effigie de la République, qui sera par la suite reconnue comme Marianne, apparut sur les monnaies de 1 centime, 5 centimes , un et deux décimes. L’effigie de la République de Dupré fit une ultime apparition sur la monnaie de 5 Fr en cupro-nickel en 2000.

Le type à l’Hercule, personnage mythologique hautement prisé par Dupré, apparaît non seulement sur des médailles mais également sur des monnaies de confiance des frères Monneron, avant d’orner la pièce de 5 francs Union et Force. Ce type fut repris par la suite sur les pièces de 5 francs République Française de la IIe République, de la Commune et de la IIIe République. Il réapparut sous la Ve, à l’initiative du Général de Gaulle en 1964, sur des pièces de 10 et 50 nouveaux francs. En 1996 ce type fait une dernière fois l’honneur d’une monnaie de 5 francs en cupro-nickel.

La barrière de l’Euro ne lui est pas fatale, car au second semestre 2011, la Monnaie de Paris mis en vente sous souscription des pièces de € 1000 et 100 respectivement en or et en argent, s’inspirant largement du type à l’Hercule, mais néanmoins profondément modifié.

Figure 20 : Pièce de 1000 Euros (Monnaie de Paris)

La plus importante de ces modifications consiste en le remplacement de la Liberté par une République. La Monnaie de Paris fait ainsi preuve d’une initiative discutable voire contestable car elle renie le message que les pères fondateurs de la République Française ont transmis à la postérité. La République n’est pas synonyme de Liberté et ne peut la remplacer. Tous les citoyens naissent libres et égaux en droit.

Chose étrange, la série de monnaies dites « à la balance » ne passa pas à la postérité.

Quel pourrait être le symbole de la République Française sur ses monnaies. Posée en ces termes, la réponse la plus fréquente est Marianne ou l’allégorie féminine de la République. Marat, l’ami de peuple, tenta d’imposer l’ange tutélaire de la France. Mais l’allégorie d’un Génie avait déjà été utilisée notamment par les rois de France, dont par exemple Louis XIV pour la frappe d’une médaille commémorant la naissance du Dauphin ou celle immortalisant la prise d’Ypres le 15 mai 1648.

Figure 21 : Louis XIV pour la frappe d’une médaille commémorant la naissance du Dauphin.

Ne vaudrait-il pas mieux parler du « Génie de la France » ou de « l’ange tutélaire de la France » ce qui probablement était l’idée de Dupré ? Avec une telle dénomination, la numismatique française aurait pu faire valoir un réel symbole de la France, mais c’est un long débat.

L’orateur, quant à lui, préfère reconnaitre dans le type à l’Hercule entre la Liberté et l’Egalité, un réel symbole national français, qui a résisté aux siècles et traduisant à merveille la devise de la République Française.

Avant de clôturer la séance vers 16h30, le Président signale que les RBN 2011 sont en cours de distribution. Il manifeste sa satisfaction sur le résultat de l’impression, fruit d’une étroite collaboration entre M. J. Moens et l’imprimeur Cultura.

Il termine la séance en souhaitant d’excellentes fêtes de fin d’année et en formulant des vœux de Bonne Année 2012.

 

 

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